samedi 1 octobre 2011

Christianisme social


« Le Christianisme social à Bordeaux »

La Commune théologique de Bordeaux a réussi son premier pari : organiser une première conférence pour présenter le « nouveau » christianisme social ! L’assemblée était nombreuse ! Protestants et catholiques réunis et à l’écoute de trois témoignages riches et émouvants.
Tour à tour, Patrick Rodel (professeur de philosophie), Olivier Bres (théologien protestant) et Jean-Etienne Dhersin (élu municipal) sont revenus sur leur parcours de foi, moteur de leurs engagements.
Pour chacun, l’univers familial a été essentiel. L’univers professionnel et associatif ont été et sont leur « terrain de jeu ».
Acte courageux que d’exposer publiquement leur foi en Dieu. Acte courageux que d’expliquer publiquement en quoi cette foi a motivé, a guidé leur vie toute entière. Acte courageux parce que leur témoignage interpelle aujourd’hui les chrétiens bordelais à s’interroger sur leur positionnement sur les grandes et moins grandes questions de société et in fine à faire de la politique.

La mission de la Commune théologique est d’être un lieu de débat sur la vie politique stricto sensu, économique, religieuse, scientifique etc…ou purement « événementielle » (faits « divers » de tous ordres). Ainsi nous pouvons participer de manière plus lucide et plus consciente à la vie sociale. A travers le débat, nous pouvons prendre position en tant que chrétiens.
Faire de la politique, c’est s’intéresser à ce « qui a rapport à la société organisée», c’est participer à la vie sociale. Nous sommes dépendants les uns des autres : les « petits » des « grands » et vice-versa même si ces derniers n’ont pas toujours consciences de cette vérité.
Non, la dépendance n’est pas une faiblesse. Elle est une réalité !
C’est autour de ce postulat de base que la Commune théologique de Bordeaux invite les chrétiens à se réunir, à réfléchir, à débattre, à s’affirmer publiquement et collectivement.


Sylvie Lacoste

Article paru dans le journal de l'ERbdx en septembre 2011.

Une histoire d'union

« Vers une église protestante unie : Luther et Calvin témoignent ensemble de l’Evangile »

Le samedi 17 septembre 2011, le pasteur Gilles Vidal (1) a présenté en sa qualité de rapporteur synodal de la Région Sud-ouest, le processus d’union des Eglises luthériennes et calvinistes en France.
A Bordeaux, il n’existe pas d’Eglise luthérienne ; pourtant la description des différentes étapes et surtout l’explication du sens de cette union faites par G.Vidal, attestent bien de l’intérêt que nous devons y porter. Et n’existe-t-il pas des Luthériens « locaux » qui se soient intégrés dans l’Eglise calviniste ?
Le point central est le partage d’une même foi chrétienne dans des expressions différentes : la pluralité des confessions n’empêche pas la communion ecclésiale. « Les anathèmes réciproques tombent » selon G.Vidal.
Car Luthériens et Calvinistes se distinguent par des nuances plus que par des différences fondamentales. Toutefois « Eglise unie » ne  rime pas avec « uniformité ». Et l’« éléphant » ne voulant pas écraser la « souris», l’Eglise luthérienne conserve :
-« le salut par la grâce seule », le message central de Luther 
-la tradition et l’importance des signes visibles : la même confession de foi / la Cène tous les dimanches / la Bible et des bougies (du sensible et pas que de l’audible) / le pasteur en robe noire parfois blanche
-l’ordre dans le sens d’ordination ou « réaliser une tâche précise »: le pasteur préside le culte et les sacrements
-les inspecteurs ecclésiastiques : un pasteur des pasteurs élu pour veiller spirituellement sur ce qui se passe et sur ses collègues sans leur être supérieur
- les synodes : 1 pasteur et 2 laïcs.
Et avant l’Union, les deux Églises ont déjà en commun :
 l’organisation presbytérienne synodale / la formation initiale de leurs ministres par l’Institut protestant de théologie (IPT) / la formation continue de leurs ministres par la Communion protestante luthéro-réformée (CPLR) /la mobilité fréquente d’un pasteur de l’une à l’autre l’adhésion à la Communion d’Eglises protestantes en Europe (Concorde de Leuenberg) / la fondation avec d’autres de la Fédération protestante de France /l’adhésion à la Conférence des Eglises européennes / la participation à la création du Conseil œcuménique des Eglises / l’action missionnaire par le Defap et la Cevaa / l’action commune à travers de nombreux mouvements (scoutisme, union chrétienne, fondation John Bost, cimade...) / la méthode et les outils catéchétiques et même... les recueils de cantiques depuis le XIXe siècle.

De l’avant-projet de l’union (2), je retiens «  La Concorde de Leuenberg » en 1973. C’est la poursuite depuis l’Entre-deux-guerres d’un travail théologique commun, d’un témoignage et d’un service commun. C’est le texte théologique fondateur. Concrètement, sur le terrain, on doit inventer, imaginer des structures nécessaires de cette communion. Depuis consultations et débats se multiplient.
Les prochaines étapes à l’aboutissement d’un processus de près de 40 ans : automne 2011,
les synodes régionaux font la synthèse des travaux et élaborent leurs avis, qui seront transmis à l’assemblée préparatoire commune et aux synodes général et national /- mars 2012,
une assemblée préparatoire commune rassemble les synodes luthérien et réformé, qui font la synthèse des avis régionaux et affinent les projets de textes /- mai 2012, le synode général luthérien et le synode national réformé adoptent les textes constitutifs /- de septembre 2012 à mars 2013, les paroisses, les consistoires et les régions se mettent progressivement en conformité avec les nouvelles « règles du jeu ». L’harmonisation administrative et financière s’intensifie / -du 9 au 12 mai 2013, le premier synode national de l’Église protestante unie de France se réunit à Lyon.
En 2013, deux Eglises seront unies en une seule. Le préambule fait mémoire du socle et du chemin d’unité tout en garantissant l’identité des luthériens et des calvinistes : les textes fondateurs de chacun seront conservés. Une déclaration de foi commune pourrait venir le compléter.
Les Régions, charnières de la vie des Eglises, vont être les chevilles ouvrières de cette union. Elles vont témoigner ensemble de l’Evangile. Divers et unis, nous sommes plus accueillants, stimulés, pertinents. Nous portons plus loin et plus large la mission.
Tels sont les enjeux de fond ! « Ecoute Dieu nous parle » !

Sylvie Lacoste

(1)   Gilles Vidal : professeur de Théologie et d’Histoire du Christianisme à l’époque contemporaine à l’Institut Protestant de Théologie de Montpellier.

Article pari dans le journal de l'ERbrdx en octobre 2011