dimanche 1 mai 2011

La théorie des jeux ou le rapport entre rationalité individuelle et (ir)rationalité collective.*

La théorie des jeux,c'est la théorie de la décision rationnelle (=jeu) d'agents (tout ce qui produit un effet dans un phénomène) stratégiquement interdépendants: ils s'influencent les uns les autres et ont conscience de ces influences réciproques. Plus simplement, c'est la mise en modèle mathématique de situations de jeux donc de situations stratégiques.

Pourquoi me direz-vous? Optimiser les stratégies. Nul donc ne sera étonné de découvrir que cette théorie s'applique dans divers domaines: mathématiques bien évidemment, informatique,sciences économiques et politiques, droit, biologie etc...

Dans tout jeu (non-coopératif /coopératif/des incitations), il faut être au moins deux et l'issue de tout jeu, dépend de l'attitude de tous les acteurs. Avec le "dilemme du prisonnier", la théorie des jeux montre les efforts nécessaires (optimisation de la stratégie à adopter) à faire pour obtenir un gain.

Deux détenus complices d'un délit sont emprisonnés séparément sans possibilité de communiquer. L'objectif stratégique de chacun est de rester le moins longtemps possible en prison.

Le dilemme réside dans le choix de chacun puisque aucun ne connaît le choix de l'autre: un perdant/un gagnant. L'intérêt individuel (rationalité individuelle) primant sur l'intérêt collectif (rationalité collective), chacun va dénoncer l'autre pour être sûr de voir sa peine diminuer. Le coupable voit sa peine écourtée puisqu'il n'avoue pas son délit. Tandis que celui qui est innocent, craignant d'être dénoncé et de purger injustement une peine, pense la minimiser en dénonçant son complice. Et même s'ils avaient pu se consulter, ils auraient fait le choix de se trahir.

Et pourtant, s'ils avaient choisi de se taire, la peine de chacun était également plus courte.
Vous me suivez?
Pour résumer, cet exemple montre que le choix individuel considéré comme idéal et rationnel pour chacun des "joueurs" de dénoncer l'autre aboutit à un choix collectif complètement irrationnel puisqu'ils n'ont pas optimisé leur "gain" (rester le moins longtemps en prison) en choisissant de se taire. Convenant que se taire demande un effort, dans notre cas: pas d'effort = "gain" a minima.
"Le dilemme du prisonnier" illustre le conflit entre l'intérêt individuel et l'intérêt collectif et se retrouve dans de nombreuses situations économiques (les enchères=marchandage/concurrence entre entreprises), politiques (vote/compétition électorale qui passé 2 candidats ne répond plus à la "loi du plus fort"), sociales (choix d'un itinéraire aux heures de pointe/choix d'un mode de transport individuel ou collectif par rapport au coût de chacun), transmission de données sécurisées en informatique, en biologie (évolution des espèces/génétique) etc...

Pourquoi une théorie me direz-vous? Si on considère le "dilemme du prisonnier" itéré, cette théorie permet d'établir une distinction entre les problèmes pouvant être analysés d'un point de vue purement statégique et ceux relevant de dimension morale, philosophiques, théologiques...Elle peut expliquer des comportements, voire de les anticiper, voire de dénouer des situations (aujourd'hui, la situation libyenne est un jeu de rapport de forces, non?). Et en supposant que chaque comportement soit rationnel, la répétition d'une situation (jeu) peut conduire à trouver une situation d'équilibre (le cessez-le-feu en Libye?), optimiser les "gains" (la paix en Libye?).

In fine, l'idéal étant que les rationalités individuelles conduisent à des comportements collectifs rationnels. C'est de la prospective! Et plus modestement, pour ma part, il me semble que c'est une belle théorie qui devrait permettre une meilleure communication:

                   Emetteur -------------------------concertation-------------------------Récepteur

Et évite, à propos du choix de son/de ses partenaires de jeu, le "je sais qu'il sait que je sais qu'il sait..."

Sylvie Lacoste

*Compte-rendu de la conférence de Frédéric Koessler, chercheur au CNRS et professeur à l'Ecole d'Economie de Paris / Centre Hâ 32/ 17 mars 2011.














                     










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