vendredi 3 décembre 2010

"Des robots qui apprennent comme des enfants en jouant..." ou comment rendre un robot curieux (*).

Mais qui a eu cette idée folle??!!! Non ce n'est pas Charlemagne!

Pierre-Yves Oudeyer est venu partager un peu de science avec le grand public et je peux vous assurer qu'il doit bien s'amuser!
Diplômé de l'ENS de Lyon, il s'intéresse à la question du langage chez les robots.
Un robot peut-il apprendre comme un enfant?
Difficile d'y croire. Avec la robotique développementale et sociale, c'est possible. Oui cela existe!

A Bordeaux depuis trois ans, P-Y Oudeyer est responsable de l'équipe qui travaille sur le projet "Flowers" à l'INRIA (**).
L'objectif central est de construire une machine, un robot capable d'apprendre par lui-même, par l'intermédiaire des humains comme "Monsieur Tout Le Monde".
Pas comme nos bonnes vieilles machines à laver en tout genre qui sont bien des robots mais sans cerveau!

Comment y arriver? En s'inspirant d'un enfant, de sa manière d'apprendre. P-Y Oudeyer fait appel pour ce faire à d'autres sciences que celle des mathématiques appliquées: psychologie développementale, la linguistique et les neurosciences.

Qu'est-ce qu'un robot? C'est une machine dotée de capteurs qui lui permettent de percevoir son environnement, de moteurs qui lui permettent de bouger et d'agir sur ce même environnement et d'un système électronique, informatique qui contrôle ce que fait le robot en fonction de ce qu'il perçoit.

Sacré défit que de transformer le "langage/verbe" humain en modèles mathématiques et les intégrer dans un robot pour lui apprendre à parler, à interagir avec les autres, à utiliser son corps pour manipuler des objets, à apprendre à contrôler son corps inconnu et changeant! Sans que le scientifique-créateur lui donne tous les outils! Laisser au robot une part de curiosité et donc de créativité.

L'enfant apprend et étend ses capacités par l'inné et l'acquis mais un problème se pose: celui de la contrainte du temps et de l'espace. Un enfant n'arrive pas tout à apprendre ne serait-ce que par manque de temps: être sportif de haut niveau, çà se travaille! Et bien il en va de même pour le robot.
D'où le défit central pour P-Y Oudeyer et son équipe: comprendre et trouver les équilibres entre les contraintes innées et les mécanismes de plasticité du robot.

En linguistique cognitive, ce qui est important pour un cerveau c'est ce qu'on peut faire avec les objets, quel est leur sens; il faut donc apprendre à manipuler ces objets par l'exploration.
Le scientifique va ainsi accompagner le robot dans son apprentissage, va susciter son attention, va éveiller sa curiosité, son plaisir: démonstration/imitation.

Et comment? Par le jeu!!!!
Dans quel but? "Humaniser les machines plutôt que machiniser les hommes" afin de développer les technologies d'assistance et d'accompagnement de la personne.

Un constat: ces robots s'humanisent, se naturalisent effectivement...des chiens, un petit d'homme...pour ma part cela m'interpelle d'autant que si vous vous souvenez l'idée des ingénieurs est de rendre possible par leur non-intervention technique une part de créativité donc une part d'initiative à ces machines...Et si elles dépassaient toutes les espérances et si l'homme ne pouvait plus les maîtriser ??? Science-fiction ou pas ???

Je vous invite à consulter deux sites, certes en anglais,
mais des vidéos très amusantes!

Sylvie Lacoste

(*) Article publié dans le journal de l'ERF.

(**)INRIA: Institut National de Recherche en Informatique et en Automatique