mercredi 3 novembre 2010

Jacques Ellul: dix ans après sa disparition,quelle actualité pour son message.(1)

Compte-rendu de la conférence au Hâ 32 animé par le pasteur Olivier Pigeaud et le philosophe Olivier Abel.

Olivier Pigeaud a envisagé la question à travers les études bibliques dirigées par J.Ellul. Rien d'étonnant puisqu'elles peuvent être comptées par centaine et qu'elles touchaient un public varié.
A l'aide d'enregistrements précieusement conservés et quelques textes choisis, O.Pigeaud a fait une synthèse intéressante en soulignant l'aspect pédagogique de ces études.
Trois questions ont été retenues:

- L'universalisme du salut: le salut de Dieu est pour tous, pour l'humanité, pour le cosmos. On est élu parce que nous avons une fonction pour être serviteur et non supérieur.

- Le non-interventionnisme de Dieu: Dieu ne nous traite pas comme des marionnettes et malgré sa toute puissance, il se révèle dans une non-puissance volontaire, acte ou non-acte qui parfois entraîne le désespoir du croyant.

- Le système technicien: cette technique qui est médiatrice de tout, alors qu'elle-même n'est rien. C'est un système qui s'auto-justifie.

Avec l'universalisme du salut, notre responsabilité est engagée vis-à-vis de nous-même, des autres; elle est aussi engagée face au cosmos et son équilibre. Nous pouvons alors penser aux questions écologiques qui se posent à nous, en grand nombre.
Quand à la non-puissance de Dieu, nous ne pouvons que la reconnaître et l'accepter car Dieu ne peut rien contre l'homme, il ne peut que le sauver.
Et enfin, J.Ellul s'oppose à tout type de système pas seulement technicien car de de telles structures portent en elles les germes de totalitarismes en tout genre. (2)

Mais J.Ellul demeure un penseur de l'espérance.

C'est ce que Olivier Abel nous a rappelé dans un second temps.
Selon lui, le constat social fait par Ellul, à travers l'ensemble de son oeuvre, semble réaliste autant que pessimiste.
Notre société occidentale construite en systèmes "déréalise" le monde. Déclinés en de mulitiples croyances, pourtant nécessaires au fonctionnement même d'une société, ils simulent et dissimulent la réalité que l'homme a du mal à supporter. Parfois devenus de véritables religions, ils instaurent le mensonge.
De fait, ces systèmes sont destructeurs et vont à l'encontre de la conservation du monde. Comment renverser cet état de fait? (J.Ellul pense même nécessaire une révolution!). Quelle action entreprendre? Certes l'homme moderne est très acitf!
O.Abel a insisté sur un point: pour Ellul, le chrétien peut trouver une aide précieuse, une issue dans la prière. C'est agir mais cet acte est de foi et il semble indissociable de la parole. Par la prière donc par la parole, le chrétien peut établir (voire rétablir) la communication entre les hommes. Par la prière, l'intervention de Dieu est alors possible.

Un exemple (3):
contre Hitler, la voie des armes a été privilégiée face à l'échec des négociations et donc de la parole. Les nations menacées et attaquées se sont défendues à grand renfort de matériel militaire hautement perfectionné.
Elles sont sorties victorieuses, mais techniquement ! Pour Ellul, elles ont perdu spirituellement, donnant ainsi naissance à de mulitples petits ou grands "Hitler"! Si nous avions cru à la force de la prière, peut-être en eû-il été autrement.

Sylvie Lacoste.

(1) - journal de l'ERF de Bordeaux
(2) - "Le livre de Jonas" (1957) / "La raison d'être" (1987), J.Ellul
(3) - "Présence au monde moderne" (1988), J.Ellul

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